L’ombre d’un avion sur les incrustations salines recouvrant la surface le lac dans la Grande Vallée du Rift Africain. La Vallée du Grand Rift est une faille très profonde qui s’étend sur plus de 6000 km en direction nord-sud, de la Syrie au Mozambique, passant par la Mer Rouge et les grands lacs africains. L’origine est dans la séparation des plaques tectoniques Africaine et Arabe qui – à partir d’il y a 15 millions d’années – a créé une fracture atteignant une profondeur jusqu’à plusieurs kilomètres, et une largeur de 30 à 100km. Le lac Natron est un lac salé et en époque préhistorique il représentait une importante réserve d’eau douce. Aujourd’hui, à cause de l’évaporation il est réduit à moins de 3 mètres de profondeur, variant, en tout cas, selon les pluies. Le lac prend son nom du Natron, un minéral avec une grande concentration de bicarbonate de sodium, qui précipite en formant des incrustations salines quand son niveau diminue et les températures augmentent jusqu’è 50°. La couleur que le lac prend dans cette période est due aux micro-organismes d’un rouge vif qui les recouvrent. Le Natron, qui dans l’Antiquité était utilisé dans les embaumements pour ses propriétés déshydratantes, rend les eaux du lac semblables à l’ammoniaque, un environnement qui est donc particulièrement hostile à la vie. Il s’agit cependant du majeur lieu de reproduction et nidification, en Afrique Orientale, pour le Flamant Nain (Phoeniconaias minor) se nourrissant de ces micro-organismes aquatiques.
Contrairement à ce que l’on pense, l’Oasis est un lieu totalement artificiel. Ce paysage historique et légendaire est en effet entièrement créé par l’homme, résultat d’une série d’éléments sociaux, environnementaux, agricoles, architectoniques, tous autant nécessaires et absolument indissociables. Ce n’est que grâce aux communautés sahariennes et arabiques que naît l’Oasis : depuis la Préhistoire elles s’installent dans des zones arides et transmettent les systèmes pour l’autoreproduction des ressources naturelles, en cultivant une palmeraie. Carrefour séculaire de marchands, d’échanges et de rencontre entre cultures, différentes religions, l’Oasis est depuis des temps immémoriaux, dans l’imaginaire collectif de peuples différents, un lieu-symbole de la beauté inattendue et salvatrice, célébrée par d’anciens chefs-d’oeuvre de la littérature qui ont eu une diffusion universelle. Refuge, et en même temps, porte d’accès au désert, énorme scénario biblique de pierre et de sable: l’Oasis est l’avant-poste de nos civilisations dans la terre de silence, là où les ermites, les saints et les pèlerins, depuis toujours, s’interrogent sur l’Infini et l’Absolu.
Gravures du Néolithique ancien, près de l’Oasis de Djanet. Sur la paroi de grès sont représentés: une figure humaine, des girafes et une espèce de bovin, désormais éteinte, connue sous le nom de « bubalus antiquus ». Le long des bords de la gravure l’on aperçoit des écritures plus récentes, en langue Touaregh tifinagh.
Tombe préhistorique à enclos de la période Néolithique, que l’on considère comme commençant 8.000 ans av. JC, jusqu’à l’invention de l’écriture vers le 3.400 av. JC. Dans le Tassili n’Ajjer, ces sépultures sont particulièrement nombreuses et datent d’il y a 5.500 ans. Creusées sur les collines, elles se repèrent de loin : un premier cercle de pierres entoure le tumulus, sous lequel se trouve la chambre funéraire, un second encercle l’édifice tout entier. Seuls les hommes y sont enterrés, couchés sur le côté, le visage axé vers l’orient.
La cérémonie du thé dans le Sahara est une tradition, un art et une philosophie, étroitement liés aux coutumes d’hospitalité qui caractérisent la culture oasienne. Elle peut donc être prise pour emblème d’une civilisation qui franchit les frontières des modernes états nationaux restant fidèle aux bonnes pratiques de tolérance et à l’esprit d’accueil à l’égard de l’étranger. La cérémonie du thé se déroule, selon tradition, pendant une heure et demie. Dans ce cadre les gestes rituels touchent à un code esthétique précis et l’échange entre les personnes présentes se déroule dans le cercle magique d’une intimité crée par l’occasion. Poèmes, chants et proverbes aussi bien chez les nomades, que chez les sédentaires, témoignant en fait du plaisir et de la sérénité procurés par une séance de thé. « Le premier thé est amer comme la vie, le deuxième fort comme l’amour et le troisième doux comme la mort », c’est le proverbe arabe indiquant le nombre de fois où l’action de boire le thé devra se répéter, pour ne pas manquer de respect envers l’hôte. Pour autant le thé vert, qui, avec les feuilles de menthe est à la base de l’infusion, est une découverte récente pour ces peuples : il arriva pour la première fois au Nord Afrique en 1854, lorsque des navires anglais furent contraints de s’arrêter dans le port de Tanger, à cause de la guerre en Crimée. C’est donc à partir du Maroc que commence la diffusion d’une marchandise introduisant un changement radical dans les coutumes des populations sahariennes. Ayant été pour bien d’années une boisson apanage exclusif des classes privilégiées, le thé à la menthe est aujourd’hui répandu dans tous les différents milieux de la société.
La Pyramide de Meidum se trouve en plein désert, près de l’Oasis de Al-Fayyum en bord de la zone cultivée. Le monument fut probablement bâti par Snefru, le premier roi de la Quatrième Dynastie pendant l’Ancien Royaume (2613 av. JC. – 2589 av. JC.) n’étant pourtant jamais utilisé comme tombeau royal. Il pourrait constituer le point de transition entre les premières pyramides à degrés et les monuments de Giza en forme d’escalier géant. Emergeant du tas de débris comme une sorte d’énorme tour biscornue, juste trois, des huit grands gradins originels, sont encore visibles aujourd’hui.
Détail d’une tombe en pierre dans la nécropole de Bat, sur une hauteur dans les environs de l’Oasis. Il s’agit d’un complexe archéologique monumental du Troisième Millénaire avant JC. comprenant – tout comme Al-Khutm et Al-Ayn – des établissements ruraux et des systèmes d’irrigation. C’est ici que l’on trouve les premières applications des techniques d’organisation productive qui seront ensuite développées dans les Oasis, par les communautés sahariennes et arabiques.
Culture du palmier dattier dans les dépressions artificielles dénommées ghouts. Il s’agit du célèbre exemple de système agricole traditionnel au Sahara qui n’a pas besoin d’irrigation, lorsque la nappe est proche de la surface, très répandu en Algérie et au Niger.
Le scarabée du désert est un insecte capable de capter l’humidité atmosphérique qui se condense sur sa carapace. Pour cela il peut être pris comme un emblème des savantes techniques de captation de l’eau utilisées dans les Oasis. L’espèce était très répandue dans l’Ancien Egypte et adorée comme une divinité. Ce n’est pas un hasard si elle était représentée poussant le soleil à travers le ciel et célébrée comme le symbole des forces de la nature, toujours en mouvement et en transformation, toujours capables de se régénérer.
Vue aérienne du lac Birket Siwa, avec au centre l’ile où l’on aperçoit les vestiges d’un petit ensemble d’habitations. Des cristaux de sel, par transparence, modifient la couler de l’eau. L’Oasis de Siwa est un lieu de contrastes: d’un côté, des immenses dunes de sable, à l’ouest de la ville, au milieu les 3 grands lacs salées et parsemées partout, plus d’une centaine de sources naturelles d’eau douce. Une combinaison unique de particularités qui a conduit l’homme à s’installer ici il y a 12.000 ans environs. L’Oasis a aujourd’hui une population de 25.000 habitants et se trouve au milieu de la dépression du Qattara, dans le désert occidental égyptien. Une bonne partie en dessous du niveau de la mer. Des aires désertiques en forte déclivité l’enferment au nord et au sud. A’ l’ouest la dépression s’ouvre sur la Grande Mer de Sable, le désert libyque avec ses 72.00km2 de grandes dunes. Les nombreuses sources qui fournissent l’eau dans l’Oasis trouvent leur origine dans le Bassin de Nubie : la plus grande réserve fossile du monde qui s’est formée il y a 30.00-50.000 et qui s’étend également au-dessous de Libye, Soudan et Tchad.
Une photo raconte le 3 niveaux sur lesquels est organisée l’agriculture traditionnelle de l’Oasis. Au bord du village en terre crue l’on observe: au premier niveau le palmier dattier, en dessous, au deuxième niveau, les oliviers et les arbres fruitiers et encore plus en bas, au troisième niveau, les cultures de légumes et de fourrage pour les animaux.

Utilisant la ceinture traditionnelle, un jeune agriculteur grimpe sur le palmier, pour faire la récolte des dattes. C’est une activité qui demande des qualités d’acrobate et d’endurance exceptionnelles, vu qu’elle se déroule à une hauteur moyenne de 15 mètres.
Soigner au moins une centaine d’exemplaires de plantes – de nombreux sont normalement ceux en charge de chaque cultivateur – a besoin de bien d’autres compétences. Il y a au moins une dizaine d’interventions techniques, comme par exemple la pollinisation et l’élagage, dont la palmeraie nécessite pendant le cours de l’année. Il est évident qu’il s’agit d’un métier indispensable à l’économie, à l’équilibre écologique et à la survie même de l’Oasis, dont les jeunes ne semblent pourtant pas vouloir prendre le relai. Nombreux, parmi eux, le jugent trop dangereux. Il est utile de savoir que l’association algérienne BEDE a développé un projet spécifique conçu pour réduire les risques d’infortune liée à l’entretien des palmier dattiers.

Dattes sur une branche de palmier, au premier stage de croissance. Les dattes ont quatre phases de maturation, connues en toute la planète avec leur noms arabes : kimri (âpre) khlal (croquant) rutab (mur) tamr (séché au soleil).
Le maitre d’eau, celui qui la communauté a chargé de gérer l’ingénieux système d’approvisionnement et le réseau de distribution d’eau dans l’Oasis, montre la plaque perforée en cuivre, hallafa. Il s’agit de l’instrument qui héberge l’unité de mesure de référence avec laquelle sont vérifiés les flux au débouché en surface de la grande foggara, la galerie drainante souterraine qui cour en plein désert.
Euphorbia Guyoniana, végétation spontanée sur les dunes de l’Erg Lihoudi, un exemple de la flore incluant d’espèces éphémères, annuelles ou pérennes, certaines desquelles parfaitement adaptées aux conditions d’aridité, d’autres ayant des cycles de vie très brefs, liés à l’arrivée de pluies sporadiques.
Près de la frontière avec Lybie et Niger, au sud de l’Oasis de Djanet, la zone du Tadrart algérien est souvent décrite comme étant le désert le plus beau au monde : un dédale de dunes oranges pouvant dépasser les 1000 mètres, parcellé de créneaux et pinacles de roche ciselé par l’érosion.
Vue aérienne du réseau hydrographique de la Préhistoire dans le sud algérien. Dans la zone correspondante aujourd’hui au désert du Sahara, on peut observer clairement le tracé des grands fleuves qui, depuis la fin de la dernière glaciation – en 10.000 avant JC. – ont entaillé profondément la croute terrestre.
À la limite de l’Oasis, remontant vers ouest, les dunes de l‘Erg Lihoudi annoncent le désert, lieux de passage pour les éleveurs nomades.
Flamants roses en vol sur le Chott Oum Erraneb. Il s’agit d’une zone de passage sur la route migratoire qui traverse le Sahara jusqu’aux rives de l’Afrique Occidentale.
Dans l’Antiquité grecque nommé « oiseau à ailes de flamme », le flamant rose (Phoenicopterus ruber roseus) est la seule espèce de flamant présente en Europe, où il séjourne d’avril à octobre. Oiseau côtier, il arrive à se nourrir dans les zones humides aux eaux saumâtres. Il doit sa couleur aux caroténoïdes, gardés dans le pigment des minuscules crustacés dont il est friand.

Vue aérienne de Beni Isguen, le dernier des 5 villages ibadites parus en succession depuis l’an Mil sur les affleurements rocheux le long de l’oued M’Zab. Conçu au 14ème siècle, il a une structure en ruche et des habitations toutes identiques disposées de manière concentrique autour de la mosquée. Cette ci surplombe la ville en son point plus haut, de façon à ce que le minaret pût exercer sa fonction d’observation lorsque les incursions des brigands étaient fréquentes. Autour de la mosquée, dans le premier cercle, se trouvent les habitations des religieux, puis en descendant celle de tous les autres. Un ordre qui correspondait exactement à la fonction exercée par chacun à l’intérieur de la communauté. On montre ici une conception urbanistique tout à fait originelle, où les éléments de la doctrine religieuse ibadite se fondent avec les nécessités liées à l’économie de l’Oasis.

Une des portes d’accès à la ville historique, lors du coucher du soleil. Au début des années ’80, comme dans toutes les oasis libyennes, le Colonel Muammar Kadhafi ordonna l’évacuation de la Medina, transférant les habitants dans des quartiers limitrophes bâtis en béton. L’inaptitude absolue de ce matériau au contexte climatique, ainsi que la conformation et l’aspect de ces agglomérats, est la raison pour laquelle pendant l’été, où lors des fêtes, de nombreuses familles rentrent dans l’intimité et la fraicheur de la vieille ville. La Medina possède des caractéristiques particulières : elle est divisée en sept quartiers contournés de murs, chacun ayant ses puits, ses places, ses marchés et ses mosquées. Un labyrinthe de ruelles abritant des maisons enrichies par des intérieurs remplis d’une multitude de petites niches, par des verres colorés et des miroirs qui multiplient les jeux de lumière sur les parois peintes de fresques.
Nomades maures pendant une halte dans les alentours l’Oasis de Chinguetti. Eleveurs et en même temps marchants, il sont encore présents dans ces zones de la Mauritanie qui – pendant le Moyen Age – connurent l’âge d’or du commerce caravanier saharien, entre le Maghreb et l’Afrique Occidentale.

Des nomades éleveurs de dromadaires abreuvent leurs troupeaux. La source de Hassi Fouini est située aux marges de ce qui fut le lac préhistorique Aoukar. Sur les rives de ce grand bassin, les fouilles archéologiques ont repéré les restes d’une multitude de villages, témoignant l’essor d’une ancienne civilisation, entre 1700 et 400 av. JC.

Un moment de la négociation pendant l’achat d’un dromadaire. Tous les jours, sur la place principale de l’Oasis, le grand marché accueille un bon nombre d’éleveurs nomades avec leurs animaux, attendant des clients.

Shibam fut bâtie, occupant une position stratégique le long de la Route de l’Encens et des Epices dans le premier Millénaire av. JC. et par la suite reconstruite sur l’implantation partiellement détruite par une crue massive en 1532. La ville s’élève, à l’intérieur de ses fortifications sur un éperon rocheux, plusieurs centaines de mètres au-dessus du lit du wadi. Le parfait damier formé des rues et des places, jalonné par ses hautes maisons-tours en brique crue, représente l’exemple le plus accompli de l’architecture urbaine traditionnelle hadrami, existante au Yémen.

Caravane de dromadaires transportant des marchandises à travers le désert, près de l’Oasis. Partout dans le Sahara, le dromadaire est une partie importante du cheptel national, élevé pour le lait et la viande, et même pour son cuir et la laine. Pendant des milliers d’années, parfaitement adapté à des conditions environnementales extrêmes, il a permis le développement de nouvelles routes commerciales à travers les déserts, favorisant, au même temps, l’échange entre cultures appartenant à des peuples très eleoignés les uns des autres et la diffusion des religions.

Des marchands touareg participant à la caravane du Taghlamt. Il s’agit de la traversée de 1400 km dans le désert du Ténéré, d’Agadez, aux salines de Bilma et retour, qui a encore lieu entre Octobre et Novembre, pendant 1 mois. Le voyage, toute la traversée et ses acteurs, ont été récemment racontés dans le fascinant documentaire de 1 heure « Caravan to the Future » que Alissa Descostes Toyosaki a filmé elle-même. Ici les deux hommes se reposent après une journée de marche. Au début du siècle la caravane se composait de 10.000 dromadaires et le cortège s’allongeait pour 25 km. Dans la photo on aperçoit aussi les pains de sel en forme conique, voyageant à dos de dromadaire, qui seront par la suite vendus au marché d’Agadez.